Credit photo Reynald Desjardins
Nombre d’années d’expérience
Plus de 15 ans
Processus d’acquisition du savoir
Depuis son enfance, l’artisanat, les couleurs et les objets fascinent Céline Desjardins. Par amour du textile elle se fabrique des objets utilitaires et des vêtements uniques. Que ce soit en tissus récupérés ou en laine de mouton du Québec cette introduction au textile a définitivement ancrés sa démarche artistique actuelle. C’est à la fin de sa vingtaine qu’elle tombe sur un article dans une revue qui lui présente une dame, très âgée et artisane teinturière. Cette femme teignait sa laine dans un gros chaudron de fer suspendu au-dessus d’un feu de bois et elle réalisait de magnifiques couleurs avec des plantes, sur des fils de laine de mouton. Ce fût pour Céline une révélation, un coup droit au coeur! Elle commence alors à lire sur le sujet et à faire des tests dans sa cuisine mais mise à part la forte odeur de mouton qui s’imprègne chez elle, les résultats sont peu concluants. À l’été 2014, lors d’une démonstration de savoir-faire traditionnel au Parc Saint-Mark de Longueuil, Céline rencontre Marie-Berthe Guibault-Lanoie, teinturière de laine et flécheuse de grande renommée. Cette femme possédait tout le savoir-faire dont Céline rêvait d’avoir le secret. Ce n’est qu’à force de plusieurs demandes qu’elle accepte de la prendre comme apprenti pour 5 saisons de teinture à ses côtés, dans son atelier de Berthierville dans Lanaudière.
Bien qu’elle soit native de la Montérégie, c’est dans le village de St-Damien dans Lanaudière que Céline et son conjoint ont fait l’acquisition d’équipements antiques, de vieux chaudrons de fer, de cuivre et d’étain, et ont monté leur pavillon extérieur de teinture. Le seul au Québec! La grande fierté de Céline maintenant, est de pouvoir travailler à partir de chez elle, dans son atelier de teinture et de textile.
Transmission du savoir
Céline possède un DEC en Arts plastiques du Cégep du Vieux-Montréal ainsi qu’un Baccalauréat en Sciences de l’Éducation de l’UQAM. Elle a donc tout le baguage nécessaire afin de bien transmettre son savoir-faire. Depuis plus de 4 ans, tous les automnes au mois de septembre, elle accueille dans son atelier des élèves provenant de partout dans la province et leur donne des formations en teinture végétale et naturelle. Elle donne aussi des démonstrations gratuites de teinture naturelle dans ses chaudrons antiques, tous les samedis de l’été chez Fou de vous, son atelier de Saint-Damien. Annuellement elle participe aussi une démonstration/conférence sur la teinture naturelle lors du Festival Fou de Fil, au Musée Maison Rosalie-Cadron de Lavaltrie. Comme elle le dit si bien, c’est maintenant à son tour de démontrer le savoir-faire traditionnel relié au métier de teinturier.ère, car on lui a passé le flambeau.
Voici quelques notions d’histoire en matière de teinture végétale partagées par Céline.
Les français sont arrivés en Amérique du Nord lors de la colonisation, avec de bonnes recettes de teinture végétale. La difficulté était de retrouver des plantes tinctoriales sur leur nouveau territoire où ils venaient d’arriver car les variétés de plantes n’étaient pas les mêmes que sur le vieux continent. Ils ont essayé et créé de nouvelles recettes à partir des plantes d’ici, qu’ils trouvaient dans leur environnement et en échangeant leur savoir-faire avec les autochtones. Ils y sont arrivés! Un des problème par contre étant que les habitants ne savaient pas tous écrire. En France les recettes ont été écrites et consignées dans les années 1700. Ici, ce fût toute une autre histoire. C’est seulement au début des années 1900 que des religieuses se sont données la peine d’écrire ces nouvelles recettes faites en sol québécois. On peut encore trouver ces écrits sur le marché des livres usagés.
Maintenant, avec internet et tous les moyens qu’offrent la technologie, il est facile d’échanger avec des teinturiers et des teinturières de partout dans le monde.
Reconnaissance du savoir
🌿 En 2024, Céline Desjardins est désignée « Maître de traditions vivantes » par le Conseil québécois du patrimoine vivant (CQPV). Le CQPV ne nomme que cinq maîtres par année.